Histoire du Cpt. Hubbard

Le 8 Février 1944, le Capitaine HUBBARD, un pilote de combat américain survolait la Belgique.

Sa mission se termina tragiquement. Son avion fût en effet abattu par la défense anti-aérienne de la Luftwaffe, située sur la base de Florennes. Il mouru à bord de son « Mustang P-51 », qui s’écrasa dans le petit village de Stave. Après la libération, les villageois décidèrent de lui ériger un monument, en la mémoire de son courage.

Le club d’aéromodélisme de Stave se situant à 50 mètres du monument, son nom fût vite trouvé…

    Discours prononcé en l’honneur du Capitaine Lloyd HUBBARD à l’occasion de la célébration du 50e anniversaire de la Libération:      

Stave, le 4 septembre, 1994.

Célébration du 50e Anniversaire de la Libération.

Comme dans beaucoup de villes et de villages de Belgique, nous réunis aujourd’hui pour célébrer le 50e Anniversaire de la Libération du pays. Coïncidence, il y a 50 ans, jour pour jour, les premiers soldats Alliés Américains arrivent à Stave, au grand soulagement et à la grande joie de la population.

Mais lors de la Libération, les scènes de joie intense ne peuvent dissimuler les marques profondes de tristesse et d’amertume laissées par la disparition d’un parent ou d’un ami. Avec nos compatriotes, un grand nombre de soldats alliés ont perdu la vie en unissant leurs efforts pour chasser l’occupant et permettre le retour de la Liberté. Parmi ces soldats se trouvait le Capitaine Aviateur Américain, Lloyd Moore Hubbard, glorieusement tombé le 8 février 1944, à cet endroit précis. Cinquante ans plus tard, nous lui rendons un hommage particulier, ainsi qu’à ses frères de combat.

Voici résumées en quelques mots, les circonstances dans lesquels périt le courageux pilote de l’US Army Air Corps.

Au début de l’année 1944, les Alliés intensifient les raids de bombardement sur l’Allemagne afin d’anéantir l’industrie de guerre nazie. Ces opérations s’inscrivent dans un plan stratégique global en vue de préparer un débarquement sur le Continent.

Entre l’Angleterre et l’Allemagne, le survol du territoire belge est un passage obligé pour les bombardiers britanniques opérant la nuit, et les bombardiers américains opérant le jour.

Le 8 février 1944, un raid dans la région de Francfort est mis sur pied par la 8e Air Force. Les bombardiers B-17 et B-24 sont escortés par des chasseurs à long rayon d’action des P-51 « Mustang ».

Au commande d’un de ces Mustangs, se trouve un jeune Californien de 23 ans, le Capitaine Lloyd Hubbard, appartenant au 357th Fighter Group, basé à Leiston sur la côte est de l’Angleterre.

Lloyd Hubbard est issu d’une famille de 5 enfants dont 4 frères. Tous les quatre sont passionnés d’aviation et possèdent leur brevet de pilote privé. Diplômés de la Hayward Union High School, ils rejoignent l’US Army Air Corps. Séparés par les impératifs de la guerre, les quatre frères Hubbard se distinguent dans leur unité respective. Harry, l’aîné, est affecté dans une unité de bombardiers B-29 dans le pacifique ; Lloyd et Glenn sont affectés au 357th Fighter Group (groupe de chasse), à Leiston en Angleterre ; quant à Melvin, le cadet, il est affecté dans une unité de bombardier B-24 dans les îles des Açores.

Au sein du 357th Fighter Group, Lloyd Hubbard, surnommé « HUB », est considéré comme un pilote exceptionnel. Sa maîtrise du vol est exemplaire et suscite chez ses compagnons d’escadrille la confiance pour les missions à venir. En effet, son groupe de chasse achève sa phase de conversion sur P-51B « Mustang » ; il sera opérationnel trois jours plus tard, le 11 février 1944.

Mais le Capitaine Hubbard est déjà formé sur son nouvel appareil, et il le maîtrise à merveille. Aussi ce mardi 8 février, il vole avec une escadrille du 354th Fighter Group. Après avoir accompli sa mission sur Francfort, les « Mustang » mettent le cap sur l’Angleterre. L’itinéraire les amène à proximité de la base de Florennes, occupée par la Luftwaffe. La formation s’engage dans une opération d’attaque de la base ennemie. Les quatre « Mustang » volent au ras du sol et mitraillent les installations, défiant le tir nourri et précis de la Flak.

C’est le début de l’après-midi ; la visibilité est bonne . Ici dans le village, l’attention des habitants est attirée par le vrombissement des avions et le rugissement des canons mitrailleurs. Certains villageois ne se laissent pas impressionner par ce vacarme. Préférant ignorer le danger d’un projectile perdu, ils observent d’un œil approbateur les évolutions des chasseurs américains crachant leur feu.

Soudain, c’est le drame ; un des appareils est touché de plein fouet par un obus meurtrier. Immédiatement une traînée de fumée épaisse s’échappe du fuselage. En décrivant une longue trajectoire en courbe ; l’avion en perdition vient s’écraser ici même, dans ce pré, entre la maison de la famille Delmulle et celle de la famille Chenut.

Les témoins accourent sur les lieux du drame pour porter secours au pilote. Malheureusement, le choc a été d’une extrême violence ; tout ce qu’ils peuvent constater, ce sont les restes d’une épave brûlante. Les soldats allemands arrivent très rapidement. Ils investissent les lieux et éloignent tout le monde. Cependant, quelques audacieux parviennent à tromper la vigilance des sentinelles. C’est ainsi qu’une pale d’hélice est recueillie et cachée. Des objets personnels du malheureux pilote sont également soustraits aux investigations des enquêteurs allemands. Parmi ces objets, le casque dont l’inscription révèle l’identité du pilote : il s’agit du Capitaine Hubbard de l’U.S. Army Air Corps.

Au sein du 357th Fighter Group, l’annonce de la disparition du Capitaine cause la consternation ; les jeunes pilotes et parmi eux, Glenn Hubbard viennent de perdre un de leurs futurs « Flight Leader ».

Trois jours plus tard, le 357th Fighter Group entre en opération. Il ne va pas tarder à se distinguer par son efficacité. A la fin du conflit, ce groupe totalisera plus de 600 victoires en combat aérien. Il compte parmi ses rangs, des pilotes de renom, des amis de Lloyd Hubbard ; parmi eux les as Clarence E. Anderson et Charles E. Yeager, celui-la même qui pour la première fois dépassera la vitesse du son, le 14 octobre 1947, à bord de son BELL X-1. Après la guerre, ils ont perpétué le souvenir de Lloyd Hubbard dans leurs écrits.

A Leiston, où était basé le 357th fighter Group, une pierre commémorative a été érigée en l’honneur des as disparus pendant le conflit. Parmi les noms des héros gravés sur la pierre, figure celui du Capitaine Hubbard.

Ici, à Stave, la population est également très touchée par les évènements du 8 février 1944. Aussi, à la fin de guerre, soucieux de témoigner leur reconnaissance, les habitants sous l’instigation de la famille Delmulle, se mobilisent pour ériger un monument à la mémoire du pilote. L’ouvrage, construit à l’endroit du drame, est orné de la pale recueillie au moment des faits. Il est inauguré au mois d’août 1945.

Les objets personnels du pilote sont remis aux Autorités Militaires Américaines. La famille Chenut enverra un courrier aux parents de la victime. Cette lettre sera d’un grand réconfort pour la famille Hubbard éprouvée par la perte d’un fils. Les trois autres fils survivront heureusement à la guerre.

En 1946, le corps du défunt sera transféré au cimetière militaire américain de Margraten près de de Mastricht. Décoré de la «Silver Star» et la «Purple Heart», le capitaine Hubbard repose aux côtés de ses nombreux compatriotes tombés pendant la guerre.

Les informations que je viens de vous livrer sont l’aboutissement d’une longue enquête. Ces recherches furent couronnées de succès grâce à la complicité de témoins qui ont fait appel à leurs souvenirs, et grâce à des amis et connaissances passionnés par ce genre de recherche. Ils m’ont habilement conseillés et m’ont fait profiter de leur expérience et de leur documentation.

J’ai pu compter sur l’aide précieuse de personnes en Angleterre et en Hollande. Aux Etats-Unis, des personnes de Kansas-City, ainsi que les membres de l’Association des vétérans du 357th Fighter Group n’ont pas ménagé leurs efforts pour me documenter.

J’ai reçu l’appui de la famille et en particulier du Colonel Harry Hubbard qui a contribué à nous faire connaître la personnalité de son frère Lloyd.

Je remercie toutes ces personnes.

La commémoration du 50e anniversaire de la Libération offrait une opportunité de choix pour évoquer la mémoire du Capitaine Aviateur Lloyd Hubbard. Sa bravoure a imprégné l’histoire du village, marquant à jamais la mémoire de nos aînés et constituant pour les jeunes un exemple à méditer.

Je vous remercie de votre attention

Jacques THIRY.